REPERTOIRE DES MONNAIES MEDIEVALES D'ALSACE / 2024
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 01. La contremarque au lis de Strasbourg

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Antédiluvien
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Antédiluvien


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MessageSujet: 01. La contremarque au lis de Strasbourg   01. La contremarque au lis de Strasbourg Icon_minitimeMer 20 Mai - 1:05

01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis

1) La contremarque au lis et à la bande de la cité libre d'Empire de Strasbourg

Rappelons que la fleur de lis est d'abord le principal symbole monétaire des monnaies de Strasbourg depuis le XIII Siècle sur les deniers au lis de la ville. Elle fut d'abord à Strasbourg un symbole religieux représentant la Sainte-Trinité, donant aux monnaies émises une certaine "caution" de la religion.

L'utilisation des contremarques conférait un bon aloi (*) à ces monnaies avec parfois des dévaluations pour que la ville qui battait monnaie puisse gérer et limiter son stock de monnaies entrant intra-muros afin d'éviter l'inflation ou des contrefaçons... ou au contraire en cas de difficultés économiques ou politiques (sièges) pouvoir augmenter son numéraire.
C'est pratique courante dans de nombreuses villes qui contremarquaient les monnaies étrangères afin de les accepter dans leur monnayage en équivalence de monnaies émises par les ateliers monétaires locaux.

(*) De bon aloi : l’aloi venait du verbe allier, dont la forme ancienne était aloyer, l'aloi étant la quantité de métal précieux présent dans les alliages servant à la fabrication des pièces de monnaies. En effet les monnaies ayant subi une usure mécanique ou ayant été contrefaites : fausses ou grattées pour en récupérer du métal précieux (argent ou or), n'étaient pas conformes et étaient repérées à la pesée au trébuchet de précision lors d'une transaction commerciale.

A Strasbourg, après le siège de la ville par les français en 1681, par manque de numéraire et après le désordre monétaire qui s'ensuivit, les monnaies étrangères furent contremarquées par un écu de la ville surmonté d'une fleur de Lis. Cette contremarque faite sur des florins valant 40 Sols faisait tomber leur valeur à 37 Sols (**).

(**) Les monnaies de Strasbourg, Jean de Mey, 1976 (page 109)

2) Une contremarque est une surfrappe monétaire qui peut avoir plusieurs origines:

- Une des principales origines aux surfrappes monétaires est souvent le manque de numéraire lié à des événements économique ou politiques et militaires majeurs touchant une ville : révoltes, sièges, guerres. Souvent, en raison d'importants désordres monétaires liés, on contremarquait les monnaies étrangères par des poinçons de la ville.

- Une raison importante des contremarques est une réforme monétaire. les monnaies réformées étaient contremarquées pour indiquer leur dévaluation, ou que des monnaies de règnes précédants étaient réutilisées, ou des changements de valeur monétaire après des réformes.
C'est le cas en Royaume de France sous Louis XIII pour les monnaies de 15 deniers au lys (douzains contremarqués en quinzains) qui ont cours légal depuis l'ordonnance de juin 1640. Les douzains anciens et diverses monnaies de billon royales et féodales (sol parisis, double sol parisis, guenars, blancs voir monnaies étrangères) ont été contremarqués par une fleur de lys dans un grènetis oval.
L'étude d'un trésor découvert dans l'abbaye de Vauclair (***) en 1973 en a révélé 2079 exemplaires ! Sous Louis XIV, le sol de 15 deniers est contremarqué d'une fleur de lys dans un grènetis oval (de 1692 à 1698). On n'a pas de chiffre exact du nombre de monnaies contremarquées, mais il y eu (selon F. Droulers) plus de 93 millions de monnaies réformées a partir des anciennes monnaies citées plus haut. On constate donc des contremarques à la fleur de lis royale en quantité sous Louis XIII en 1640, et de 1692 à 1698 sous Louis XIV.

(***) Un trésor monétaire à l'Abbaye de Vauclair (Aisne)
http://home.scarlet.be/vauclair/Tresor2.htm

ATTENTION A NE PAS CONFONDRE LES CONTREMARQUES AU LIS ROYAL VENUES DE FRANCE AVEC LES CONTREMARQUES AU LIS MUNICIPAL DE LA VILLE DE STRASBOURG !
Ces monnaies ci-après 1: 2: 3: n'ont rien à voir avec les émissions de Strasbourg !

3) Contremarques royales françaises sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV :

1 01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis2 2 01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis3 3 01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis4
1: Quinzain surfrappé sur un douzain aux croissants d'Henri II de France de 1549
2: Quinzain surfrappé sur un douzain d'Henri IV de France de 1594
3: Quinzain surfrappé sur un douzain de Louis XIII (1610-1643)

-  Les grandes villes marchandes du S.E.R.G. (****) que sont les villes libres d'Empire ou Républiques libres d'Empire (cas de Strasbourg) ou villes associées (cas de la Décapole en Alsace) contremarquaient les monnaies étrangères ou de provenance lointaine d'Empire afin qu'on ne les confonde pas avec une monnaie municipale ou avec une contrefaçon ou monnaie d'immitation. La contrefaçon, véritable fléau inflationniste était punissable souvent de la peine capitale! Faire usage de fausses monnaies est punissable de lourdes amendes.
Les villes réglementaient ainsi leur stock monétaire argent ou or autorisé par ce moyen de la contremarque qui permettait à la monnaie contremarquée d'être acceptée pour commercer dans la zone d'influence économique et monétaire urbaine, épiscopale, d'abbaye, comtale, ou impériale (pour l'Alsace) de l'autorité émettrice. La monnaie qui entre dans le circuit marchand de la ville est alors par cette contremarque considérée comme autorisées par l'office du maître des monnaies et peut être utilisée à des achats sans encourir de poursuites judiciaires.
Par exemple on sait qu'il existait à Strasbourg des imitations de monnaies municipales en circulation qui ont été formellement interdites d'usage sous peine de fortes amendes (*****).

(****) S.E.R.G. = Saint Empire Romain Germanique.
(*****) Ce sont des monnaies italiennes de style et faciès convergents  avec les monnaies strasbourgeoises : c'est le cas des imitations du Dickpfennig de Strasbourg par le Prince de Correggio (Syrus Austriacus) [MON NO ARGENT SYR AVSTRIAE P CO] ; c'est le cas des imitations de Dezana du Dreibaetzner de Strasbourg par Antoine-Marie Tizzone (1598-1641) [SICVT LILIVM INTER SPINAS / MON ARG COM DEC VIC] ; c'est aussi le cas des imitations de Crevacuore du Dreibaetzner de Strasbourg, des imitations de Messerano, par le Prince François-Philibert [MONETA NOVA ARGENTEA / SIMPLEX FLREN MAR CREI].

4) Contremarques de la République et ville libre d'Empire de Strasbourg:
Le poinçon (ou contremarque) présenté ici : fleur de lis au-dessus de l'écu à bande est celui de la ville de Strasbourg pour la période de 1650 à 1750 (vers 1681-1690).

4 01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis5 5 01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis6 6 01. La contremarque au lis de Strasbourg Lis7
4: Monnaie contremarquée du Roi de Suède Karl XI, 1674 (2/3 de Taler).
5: Monnaie contremarquée du Prince Electeur de Brandeburg et Duc de Prusse Friedrich Wilhelm I von Brandebourg, 1675 (1/2 Gulden).
6: Monnaie contremarquée du Duc Johann Friedrich von Braunschweig-Calenberg, 1671 (12 Mariengroschen).

- Les contremarques peuvent avoir d'autres sens plus officieux...: messages personnels, décorations, satyriques et moqueuses, diverses...
Le cas le plus célèbre est celui des émissions de Napoléon III contremarqués par l'ennemi, ou encore les anti-impérialistes ou royalistes ou les déçus du régime après la défaite de Sedan en 1870.

Grandes Armes de Strasbourg et blason municipal

01. La contremarque au lis de Strasbourg GdArmesStb01. La contremarque au lis de Strasbourg BlasonStb

_________________
"Tous, nous sommes portés par un penchant irrésistible à désirer connaître la science,
en laquelle nous estimons qu’exceller est une belle chose." Cicéron.

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