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| 67. Florin d'argent ou Guldentaler "Schieß-Guldiner" (60 Kreuzer), émis pour le grand tir de la soc. des Arquebusiers de Strasbourg en 1576 | |
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Antédiluvien Admin
Messages : 1265 Date d'inscription : 19/05/2009 Age : 57 Localisation : 67 / Dans un trou antédiluvien d'Alsace ou un champ, un bois, une vigne, ou à la Bierstub!
| Sujet: 67. Florin d'argent ou Guldentaler "Schieß-Guldiner" (60 Kreuzer), émis pour le grand tir de la soc. des Arquebusiers de Strasbourg en 1576 Mar 19 Avr - 14:50 | |
| Florin d'argent ou Guldentaler "Schieß-Guldiner" (60 Kreuzer), émis pour le grand tir de la soc. des Arquebusiers de Strasbourg en 1576
Florin d'argent ou Guldenthaler (Thaler, écu) A./ LVDIS PVBLRESPARGENTI et date: +1+5+/76+ Fêtes publiques, de la République de Strasbourg FF 1576. Armes de la ville dans un écusson décoré, accosté de la date, surmonté de l'épigraphe. R./ SOLIVS VIRVTIS FLOS PERPETVVS Le trône de la vertu (brille d'un) éclat perpétuel! Légende circulaire entourée d'un double cercle guilloché de guirlande. Au centre du champ figure une grande fleur de lis florencée. Métal: Argent. Atelier municipal de Strasbourg 1576. Réf.: Engel et Lehr 576., Slg. Voltz 700.
Thaler frappé en 1576, à l'occasion des fêtes solennelles extraordinaires que donna la société des Arquebusiers de Strasbourg fondée en 1375. Les archers et les arbalétriers jouissaient de la protection du pouvoir. L’autorité soucieuse d’assurer la défense de la cité, encourageait le maniement des armes depuis le début du régime municipal au XIIIe siècle. Le concours à la cible furent bientôt en vogue partout dans l'empire et un acte de l’administration bourgeoise. En 1576 on utilisait encore des arquebuses non rayées. Les tireurs se déplaçaient dans les régions voisines à l'invite des municipalités, pour s’exercer à l’art des armes. Les autres villes, représentées par leur Conseil, rendaient la pareille et réceptionnait officiellement leurs voisins plus que chaleureusement si l’on se rapporte au livres de comptes de l’époque. Ces voyages d’une cité à l’autre, sous le signe du tir et le patronage des municipalités, étaient alors assez fréquents et jouissaient de grands prestiges, permettant ainsi aux villes d'asseoir leur prestige! Ces fêtes grandioses eurent lieu en la ville de Strasbourg en 1576, avec invite des sociétés affiliées d'autres villes étrangères, des princes et des seigneurs, en la présence des magistrats de la ville qui distribuait à l'occasion des prix consistant en médailles d'argent...
UNE PAGE D'HISTOIRE GLORIEUSE DE LA VILLE DE STRASBOURG!
Le grand tir de 1576, à Strasbourg, fut l'un des événements les plus mémorables de la ville. Pour mettre quelque trêve aux combats acharnés des catholiques et des protestants, aux troubles et aux pillages qui désolaient alors l'Alsace, la ville de Strasbourg, qui avait gardé en ces jours affreux une heureuse neutralité, fit appel à toutes les villes et aux seigneurs alliés en les convoquant à une fête paisible, dont un grand tir international devait être la principale attraction. Outre les Alsaciens, quatre cents étrangers de la Souabe, du margraviat de Bade, de la Bavière, des pays du Rhin, du Mein et de la Suisse répondirent avec empressement à cette invitation. M. Rodolphe Reuss a donné sur le grand tir strasbourgeois de 1576 les plus exactes indications :
Le Stettmeister Etienne Sturm avait engagé amicalement et gracieusement tous les Electeurs, princes et comtes du Saint-Empire, toutes les villes libres, tous les confédérés suisses, toutes les corporations d'archers et d'arquebusiers à venir assister à une double fête de tir à l'arbalète et à l'arquebuse. Le premier tir devait s'ouvrir le 28 mai 1576, le second le 10 juin. Des lots et des prix nombreux formaient l'attrait de ces tirs. Dès le mois d'avril, Berne, Zurich, Uri, Schwyz, Unterwald, Glarus, Zug, Fribourg et Lucerne avaient accepté de venir, ainsi que les comtes palatin des Deux-Ponts et du Rhin. Le champ de tir se trouvait au parc qui prit au XVIII S. le nom de Contades. Les Zurichois qui s'étaient signalés au grand tir de 1456, se distinguèrent cette fois encore par leur merveilleuse adresse. Pour célébrer leur victoire, et en même temps pour honorer la ville de Strasbourg, quarante-huit bourgeois de Zurich, ayant pour chef l'Obmann Caspar Thomann, décidèrent d'aller rejoindre leurs compatriotes au grand tir en naviguant sur la Limmat, l'Aar et le Rhin. On mettait habituellement trois jours pour ce voyage.
Les Zurichois jurèrent de le faire en un jour. « Des provisions de toutes sortes, dit M. Reuss, encombrent le navire. Trois cents craquelins et une immense marmite de millet chaud cuit au lait, et posée sur un tonneau rempli de sable chauffé à une haute atmosphère, sont embarqués. Le 20 juin, dès deux heures du matin, les hardis nautoniers lèvent l'ancre et donnent le signal du départ. « Des bras vigoureux pressent la rame et le bateau s'enfuit à toute vitesse en faisant tressaillir les ondes paisibles et étonnées de la Limmat ». Au lever du soleil, l'Aar était déjà franchi et l'on arrivait au Rhin. A dix heures, on passait sous le pont de Bâle, à sept heures du soir, on entrait à Strasbourg et à neuf heures, on débarquait devant le Poêle des bateliers à l'enseigne de l'Ancre, devant une foule enthousiaste. Aux compliments du Sénat, Caspar Thomann répondit « qu'en apportant du millet encore chaud de Zurich à Strasbourg en dix-sept heures, les Suisses voulaient prouver à leurs amis combien ils seraient prêts à voler à leur secours, si le danger l'exigeait. » Un cortège triomphal se mit en marche pour se rendre au Poêle des Maçons, devenu plus tard la préfecture. Un banquet splendide offert par les Ammeister et les Stettmeister attendait les braves Zurichois. Le plat d'honneur fut le grand chaudron de millet, le mets national suisse. Il était encore tout brûlant et chacun s'empressa d'y goûter. « Ce repas joyeux, dit un contemporain, le vieux poète Fischart, se prolongea fort avant dans la nuit, puis à la lueur des torches, on reconduisit la députation à l’Hôtel du Petit-Cerf, près de la cathédrale. En lisant le journal de leur voyage, en voyant les honneurs que Strasbourg leur rendit, les repas et les collations qui leur furent offerts, on peut dire : « Je laisse à penser la vie que firent ces bons amis ». En souvenir de cette belle journée, on distribua aux Zurichois des médailles en argent, un écu d'or aux armes de la ville, et des fanions de soie aux couleurs de Strasbourg. Avant leur départ, les Zurichois remirent à l'Ammeister Wicker, avec la marmite de millet, un parchemin renfermant la liste des voyageurs. Une pierre scellée dans le mur à la porte d'entrée des Bains de Spire, rue du Vieux-Marché-aux-Vins, portait une inscription relatant que cette maison avait été construite lorsque les Suisses vinrent à Strasbourg avec le millet chaud.
Le serment fait en 1576 par Caspar Thomann : « Si jamais, ce qu'à Dieu ne plaise, Strasbourg devait être dans la détresse, elle a des amis qui viendront à son secours avant qu'un plat de mil ait eu le temps de refroidir », ce serment a été tenu religieusement le 23 septembre 1870. Ce jour-là, trois vaillants délégués suisses, le Dr Bœhmer, le Dr Bischoft et le colonel Buren vinrent au secours de Strasbourg bombardée. « Comment s'écrie M. Reuss, ne pas rappeler avec une émotion profonde ce moment solennel de notre histoire où des descendants des alliés de 1576 sont venus, au moment de nos épreuves et de nos angoisses, verser un premier rayon de lumière dans nos cœurs ulcérés par de longues souffrances? Ils nous apportaient la première parole de consolation qu'il nous fût donné d'entendre au milieu du cliquetis des armes et des rugissements des canons. Ils venaient arracher nos vieillards, nos femmes et nos enfants à la mort cruelle, qui déjà tout autour de nous avait massacré tant d'innocentes victimes. Ils ont ainsi acquitté noblement la dette de reconnaissance contractée par leurs pères envers Strasbourg hospitalier, et la reconnaissance de Strasbourg se transmettra, j'en suis sûr, de la génération présente aux générations à venir, aussi longtemps que les dates de 1576 et de 1870 éveilleront encore un écho dans les cœurs ». Les délégués suisses avaient informé le général allemand Uhrich que la Confédération helvétique offrait l'hospitalité aux femmes, aux enfants et aux vieillards, qui désireraient émigrer, en leur donnant les sauf-conduits qu'ils avaient obtenus de l'autorité allemande. :cheers:Zurich fut fidèle à sa parole donnée en 1576! Rappeler ici ce grand moment d’histoire des peuples rhénans est un devoir citoyen à une époque ou parole donnée et promesses ne sont plus toujours tenues!
Blason municipalité de Strasbourg, blason de la municipalité de Zurich
_________________ "Tous, nous sommes portés par un penchant irrésistible à désirer connaître la science, en laquelle nous estimons qu’exceller est une belle chose." Cicéron.
Dernière édition par Antédiluvien le Mer 22 Avr - 19:17, édité 21 fois | |
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| Sujet: Re: 67. Florin d'argent ou Guldentaler "Schieß-Guldiner" (60 Kreuzer), émis pour le grand tir de la soc. des Arquebusiers de Strasbourg en 1576 Dim 3 Mai - 21:14 | |
| Le mil chaud de Zürich (1576)
En 1576, un grand concours de tir à l’arbalète et à l’arquebuse a lieu à Strasbourg. Un groupe de Zurichois décide de montrer qu’on peut arriver par bateau à Strasbourg en un temps record. Ils en avertissent le magistrat de la ville. Ce projet se place dans le contexte de l’alliance entre Strasbourg et Zurich. Au XVIè s., le Rhin supérieur est morcelé en petites unités politiques qui forment entre elles des alliances et des ligues. À plusieurs reprises, les Suisses et les Strasbourgeois se sont ainsi prêté main-forte. Revenons à notre affaire. Le départ de l’expédition zurichoise a lieu à 1 h du matin, le 20 juin 1576. La foule est nombreuse sur les quais de la Limmat. À bord du bateau, on a cinquante-quatre mariniers et quelques personnalités, conduites par Gaspar Thomann, riche marchand de fer de Zurich. Une marmite de mil surchauffée est placée dans un tonneau de sable, au milieu de la barque. À la hauteur de Lauffenburg, la navigation est interrompue par des rochers. On se transfère donc vers un autre esquif : le Glückhaftes Schiff., « le navire heureux ». Le voyage se poursuit par Saeckingen, Rheinfelden, Bâle, où l’on arrive à 10 h du matin. Il y a 3 équipes de 18 rameurs qui travaillent à tour de rôle. On arrive à Brisach à 14 h. À 18 h, nos Zurichois voient enfin, au loin, la pointe de la cathédrale. Ils mettent leurs habits d’apparat, un manteau de velours noir sur tunique rouge, avec une toque empanachée. Puis ils placent leur bannière aux extrémités de la barque. Lorsqu’à 20 h, ils s’engagent dans le Johannisgiessen, qui aboutit dans le centre de Strasbourg, la foule sur les quais est immense. Elle accueille les Suisses par un tonnerre d’applaudissements. Les Zurichois lancent aux spectateurs des Simmerling ou craquelins, qu’ils avaient tenus au chaud. La réception est grandiose. La barque accoste devant le Guldenturm, puis au Poêle de l’Ancre, au Quai des Bateliers: les Suisses y sont accueillis par les délégués du magistrat. Un grand banquet est servi sous la présidence de l’ammeister, Mathieu Wicker, au Poêle des Maçons, rue des juifs. Chacun reçoit alors son bol de mil. C’est sans doute pendant ce banquet que le Zurichois Gaspar Thomann prononça cette allocution :
« C’est à bon droit, sans doute, que vous vous étonnez de nous voir apporter un aussi piètre cadeau que l’est cette bouillie de mil ; mais sachez que ce ne doit être qu’un symbole ! Si jamais, ce qu’à Dieu ne plaise, Strasbourg devait être dans la détresse, elle a des amis qui viendront à son secours avant qu’un plat de mil n’ait eu le temps de refroidir. »
Ils n’étaient pas venus participer au concours de tir : Leurs candidats étaient arrivés plus tôt. Ils eurent donc tout le temps de visiter la ville, conduits par deux délégués du magistrat. Partout, ils furent reçus à bras ouverts. Le 23 juin, ils retournèrent vers Zurich, dans 6 chariots mis à leur disposition par la cité. Quelques mois plus tard, eut lieu à Zurich le Bürgermahl, le banquet des tireurs. On y servit les cadeaux reçus du magistrat de Strasbourg et venu des caves de la ville. On y but du vin de 104 ans d’âge, on mangea du pain fait avec de la farine provenant de blé de 110 ans, du sel de 197 ans. On ne sait si c’était bon… Cette histoire eut, hélas, une suite.
En 1870, les Zurichois tinrent la promesse de Gaspar Thomann. Le 11 septembre, alors que la ville était assiégée par l’armée wutembergeoise, une délégation helvétique vint trouver les autorités militaires allemandes. Elle essaya d’obtenir l’évacuation de 5 000 femmes, vieillards et enfants. Elle en obtint 1100. Quant à la marmite de mil, qui était au musée du Temple Neuf, elle fut endommagée par le bombardement de ce dernier. On peut encore la voir aujourd’hui au Musée Historique, tordue par la chaleur de l’incendie… En 1884, les Strasbourgeois érigèrent en souvenir de ces deux voyages un monument à l’emplacement où les Suisses avaient débarqué. L’endroit porta désormais le nom de Place de Zurich. L’exploit de 1576 fut réédité en 1956 par la société de Tir de Zurich. Retardée par les écluses, elle mit deux jours pour le voyage. Il y eut une nouvelle commémoration en 1976 et une plaque fut posée sur le monument à Johann Fischart, à qui nous devons le récit détaillé de l’expédition.
Pierre JACOB.
P. S. : Aux promeneurs, amateurs d’histoire locale. Il reste peu de traces de cet épisode dans le paysage urbain. Le Johannisgiessen a été comblé, et remplacé par la rue de la Krutenau, qui en a gardé la largeur. Elle passe devant un restaurant qui s’appelle toujours « Aux Craquelins ». Tout Strasbourgeois connaît évidemment le petit monument à Fischhart, à quelques encablures de là.
Le Rheingiessen, un des nombreux bras divaguant entre l’Ill et le Rhin, permet du Moyen Âge au 18e s. de relier directement l’Ill donc le port, au Rhin. A l’occasion du grand Tir de 1576, qui réunit à Strasbourg (vainqueur l’année précédente) les équipes d’arbalétriers et d’arquebusiers des principales villes du Saint-Empire, les zurichois décident de prouver aux strasbourgeois, dans le cadre du traité d’alliance entre leurs cités qu’ils sont capables de venir à leur secours en un temps record. Ils partent à une heure du matin avec un bateau chargé d’un chaudron en fonte recouvert d’une immense futaille et enseveli sous une couche de sable. Les organisateurs ont fait le pari que la bouillie sera encore chaude le soir. Leur bateau, en bout de course emprunte le Rheingiessen, devenu alors canal des Zurichois, après dix-huit heures de trajet, le plat de mil encore chaud. Sur l’ancienne place du Pont-aux-Chats, ont trouve le monument commémoratif de l’évènement érigé en 1884 avec le buste du poète Jean Fischart (1545-1590) qui met l’évènement en vers dans son poème "Le Bateau Fortuné", Glückhafft Shiff. En fait jusqu’au XIXe siècle, Strasbourg était une ville où l’Ill et le Rhin se rencontraient. Dans le quartier de la Krutenau, autrefois véritable lacis de marécages, s’écoulait un bras du Rhin, le Rheingiessen, comblé en 1872. Aujourd’hui le macadam a recouvert ce véritable boulevard fluvial, toujours encombré de bateaux, qui allaient se jeter dans l’Ill à la hauteur de l’église Saint-Guillaume. L’église est toujours là avec son clocher coiffé d’une ancre qui rappelle qu’elle était la paroisse des bateliers. _________________ "Tous, nous sommes portés par un penchant irrésistible à désirer connaître la science, en laquelle nous estimons qu’exceller est une belle chose." Cicéron.
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| Sujet: Re: 67. Florin d'argent ou Guldentaler "Schieß-Guldiner" (60 Kreuzer), émis pour le grand tir de la soc. des Arquebusiers de Strasbourg en 1576 Dim 3 Mai - 21:51 | |
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