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| 05. Haguenau: palais impérial de Barberousse (Pfalz), chambre de justice et capitale de la Décapole! | |
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Antédiluvien Admin
Messages : 1265 Date d'inscription : 19/05/2009 Age : 57 Localisation : 67 / Dans un trou antédiluvien d'Alsace ou un champ, un bois, une vigne, ou à la Bierstub!
| Sujet: 05. Haguenau: palais impérial de Barberousse (Pfalz), chambre de justice et capitale de la Décapole! Mar 3 Mai - 2:04 | |
| HAGUENAU Haguenau. Autour de la Pfalz impériale...Le fief des Hohenstaufen devenu capitale de la Décapole a été victime de la grande crainte de Louis XIV de voir les Impériaux revenir en Alsace : la gloire des Hohenstaufen s’est effondrée dans un amas de ruines, selon le « bon droit » du roi Soleil. Si l'on voulait résumer en une phrase la naissance de Haguenau, on pourrait dire que la ville a vu le jour à la confluence d'une rivière, la Moder, et de l'Histoire, l'arrivée en Alsace des fondateurs d'une des plus prestigieuses dynasties européennes, les Hohenstaufen, originaire de Souabe. Il faut remonter à Frédéric 1er, gendre de l'empereur salien Henri IV, promu duc d'Alsace et de Souabe en 1079, pour expliquer la naissance de Haguenau. En effet, il fallait aux Hohenstaufen un pied à terre sûr en Alsace pour imposer le pouvoir impérial aux alliés du pape entre Rhin et Vosges, notamment aux Eguisheim et à leurs vassaux. Ainsi, le fils de Frédéric 1er, Frédéric le Borgne (celui dont l'évêque Otto de Freising écrivait qu'il « traînait un château à la queue de son cheval ») fit-il construire un château (en bois ?) sur une île de la Moder. Ce camp fortifié se nomma tout naturellement Haguenau, « Hagen » signifiant enclos de haies vives, voire – a fortiori – habitat, et « Au », rivière ou zone humide. Si les Hohenstaufen s’implantent aussi aisément à Haguenau, c'est qu'ils y possèdent sans doute déjà des biens qui, selon certaines sources, remontent à la comtesse Adélaïde, de la famille d'Eguisheim et grand-mère de Frédéric 1er. Avec Sélestat, Haguenau sert de base à Frédéric le Borgne lorsqu’il marche sur Mayence durant sa campagne de 1114- 1115 afin d’y mater la rébellion de l'archevêque Adalbert, un fidèle soutien du pape en Rhénanie durant la querelle des Investitures. L'empereur Henri V séjourne d'ailleurs à Haguenau, le château des Hohenstaufen ayant une importance stratégique certaine. Le successeur d’Henri V, Lothaire de Supplimbourg, ennemi des Hohenstaufen, assiège et investit la fortification en 1131. Pour éviter de nouvelles mésaventures à son château patrimonial, Frédéric Barberousse, empereur Hohenstaufen de 1152 à 1190, fait entièrement remanier la burg pour en faire une résidence digne de la dynastie impériale, tout en lui gardant son caractère de forteresse. La Pfalz – c'est-à-dire le palais roman – de Haguenau devient ainsi l’une des « capitales » de cette puissante famille qui règnera en Europe jusqu'en 1268, date à laquelle Conradin, dernier représentant des Hohenstaufen, sera décapité à Naples. Palais de la Pfalz de Haguenau (bronze, grès ciselé, chaire église Saint-Georges, œuvre de Veit Wegner (1500)
Des franchises dès 1164
Le château construit par les Hohenstaufen n'occupait que la pointe orientale de l'île de la Moder. Selon les fouilles et les documents d'archives, son enceinte formait alors un quadrilatère irrégulier baigné sur trois faces par la rivière et protégé sur la quatrième par un fossé. D'après un plan de la ville médiévale (Himly), deux tours - l'Haberturm et le Dotzelerturm – flanquaient les murailles et protégeaient l'enceinte à l'est et à l'ouest. Une tour-porte, le Burgtor défendait l'accès au sud du château.
Quant à la chapelle, elle comportait trois niveaux : une crypte ; une chapelle – dite du milieu – dont l'abside était bâtie en encorbellement au-dessus de l'entrée du château ; une chapelle supérieure qui communiquait avec les appartements impériaux. La chambre du trésor contenait les insignes de l'Empire (l'épée de Charlemagne, le globe surmonté de la croix, le manteau impérial, les éperons d'or, les chaussures brodées de pierres précieuses et le diadème de l’empereur). On comprend donc que la Pfalz de Haguenau constitue pour les Hohenstaufen une importance capitale. Selon certains historiens, Barberousse y séjourne neuf fois, Henri IV, huit fois, et Frédéric II, vingt-trois fois ! D'ailleurs le 17 avril 1193, Henri VI préside à Haguenau un tribunal chargé de juger le roi d'Angleterre, Richard Cœur de Lion, qui aurait eu à Saint-Jean d'Acre, en Terre Sainte, une attitude hostile envers Léopold d'Autriche, vassal des Hohenstaufen. Richard est condamné à verser une rançon de 150 000 marks d'argent, ce qui permet à Henri VI de financer sa reconquête de la partie méridionale de l'Empire.
Quant à la ville qui se développe aux portes du château, elle obtient ses premières franchises dès 1164. La bourgade est alors constituée d'artisans, de commerçants, de bûcherons, d'agriculteurs. Vers 1150, leurs habitations sont protégées par une première enceinte qui comportait différentes portes : le Gugelingstor (plus tard Armbrustertor), au sud-ouest ; le Brudertor, à l'angle sud-est ; le Schottentor à l'est, et une tour-prison à l'ouest. Le château se situe au nord de la cité, appelée ultérieurement Oberstadt, qui voit la création des paroisses Saint-Georges dès 1143 et Saint-Nicolas (hors les murs) en 1189.
Capitale de la Décapole
Très rapidement la ville de Barberousse fortifiée vers 1150 s’avère trop petite, la cour impériale attirant une foule d'artistes et d'artisans qui émigrent sur la rive gauche de la Moder pour y fonder l'Usserstadt.
Cette ville extérieure, qui englobe la Kœnigsau, est fortifiée vers 1230 par le bailli Wœlfelin et comporte de très nombreuses portes et tours : Klettentor, au sud ; Rustenhausertor (ou porte rouge), au sud-est ; Kiesselsteigertor (ou porte de Strasbourg), au sud-ouest ; Fischertor (ou porte des pêcheurs), à l'est ; Weisse Tor, au nord-est ; la porte des chevaliers, au nord ; les Schauenburgerturm et Lœwensteinerturm, à l'ouest, toutes deux hersées. Après la chute de la dynastie des Hohenstaufen et durant l'Interrègne, Haguenau est promu ville impériale et est régi par le statut de ville immédiate d'Empire conféré par Guillaume de Hollande et Richard de Cornouailles, tous deux successivement rois de Germanie n'ayant pas accédé au trône impérial. Lorsque Rodolphe de Habsbourg devient empereur, il fait de Haguenau le siège du grand bailliage impérial chargé d'administrer les biens de l'Empire en Alsace. En 1300, la ville s'élargit un peu plus vers le nord et une troisième enceinte, flanquée du Marstaltor (porte des écuries), en direction de Reichshoffen, et de l'Altspitaltor (porte du Vieil-Hôpital), en direction de Wissembourg, entoure ce nouveau faubourg médiéval.
À cette date, la ville occupe une aire de près de 81 ha et constitue, après Strasbourg, la seconde plus grande ville d'Alsace ! Et une des cités les plus peuplées (6000 habitants entre le XVe siècle et le XIIe siècle) avec Colmar et Wissembourg. Pour être plus forte, Haguenau préconise une alliance avec d'autres cités. La Décapole voit le jour en 1354 et Haguenau, siège du grand bailliage, en devient la capitale. Le 23 septembre suivant, au cours d'une cérémonie qui se déroule à Haguenau même, et par la bouche de son grand bailli, l'empereur Charles IV fait savoir aux villes concernées qu'il protégerait la ligue des dix villes libres d'Alsace.
Victime de Louis XIV
Durant la guerre de Trente Ans, Haguenau est occupé par les troupes d'Ernest de Mansfeld, l'un des généraux de Frédéric V, chef de l'union évangélique. Mansfeld installe son quartier général dans la cité et pense même se faire bâtir une principauté dont la capitale serait Haguenau… À partir de 1631, les troupes suédoises du roi Gustave Adolphe déferlent sur l'Alsace. La ville de Haguenau, alors aux mains des catholiques impériaux, est vainement assiégée par Christian de Birkenfeld.
La ville est même placée momentanément sous la protection du roi de France puisqu'en 1634 le comte de Salm négocie la sauvegarde de la ville avec le maréchal de la Force. En 1648, après le traité de Westphalie, le comte d'Harcourt devient grand bailli de Haguenau, gouverneur royal de Haute et de Basse-Alsace. La crainte d'un retour possible des Impériaux en Alsace entraîne le démantèlement des remparts de la ville de Haguenau qui est entièrement détruite en 1677 sur ordre du Roi Soleil : « Louis XIV, qui fut inégalable dans la construction des plus beaux palais du monde, n'eut pas son pareil comme destructeur de châteaux. Il a fallu les splendeurs de Versailles pour lui faire pardonner tous les ravages qu'il fit exécuter au cours d'une partie de sa vie », écrit Pierre Bachelard, dans son ouvrage Dabo. Et le fameux chantre de l'Alsace, Robert Redslob, d'ajouter : « Si tant de destructions sacrilèges ne s'étaient abattues sur elle, la cité de la Moder serait un joyau incomparable ! La gloire des Hohenstaufen s'effondra dans un monceau de ruines. »
Le château et la chapelle des Hohenstaufen sont rasés et leurs pierres réutilisées pour la construction de Fort-Louis : « Il y avait de très beaux bâtiments, mais la ville ayant été brûlée et démolie pendant les dernières guerres, elle se trouve à présent enceinte d'une simple muraille et la plupart des maisons n'ont point été rebâties », écrit au XVIIe siècle l'intendant Jacques de la Grange qui conclut : « Il n'y a plus que trois cent cinquante maisons, tant grandes que petites, quatre cents familles qui sont très pauvres, et environ deux mille six cents âmes … » En 1678, Montclar autorise enfin la reconstruction de la ville.
LA Pfalz de Haguenau. Un des plus importants palais impériaux...
La « Pfalz »
Avant l’apparition des premières fortifications et du système féodale existe la « Pfalz », résidence fortifiée des rois mérovingiens et des empereurs carolingiens qui la plupart du temps étaient en déplacement ; la Pfalz se compose d'une salle d'apparat pour les réceptions, d'appartements, d'une chapelle, d'écuries, de greniers et de magasins. Les plus connus de ces édifices en Alsace sont le palais mérovingien de Kirchheim-Marlenheim, le palais mérovingien de Brumath, le palais carolingien d’Erstein et la Pfalz de Haguenau qui deviendra plus tard le palais impériale de Frédéric I de Hohenstaufen. De ces « villae royales », il ne reste rien aujourd’hui. La plus connue est celle de Haguenau. D'autres palais alsaciens se trouvent a Kirchheim (époque Mérovingienne ), Brumath (vers 770) ou Erstein (vers 953).
Pour présenter le château disparu de Haguenau nous nous référons à un travail inédit de l'historien et archéologue Jean-Michel Rudrauf. Selon le chercheur, «le château de Haguenau est ainsi unanimement considéré comme faisant partie de la vingtaine des plus importantes “Pfalzen” (palais) impériaux».
Château des Hohenstaufen à Haguenau en 1614
Le dessin ci-dessus est extrait du tiré à part de la conférence prononcé par l'architecte Bodo Ebhardt le 26 février 1904 en présence de l'empereur Guillaume II lors de l'assemblée générale de l'association pour la sauvegarde des châteaux allemands. Le dessin est attribué à un certain Ch. Winkler, ancien architecte de la ville de Haguenau. On ignore d'où il tire ses sources et s'il faut prêter foi à ce dessin.
Grand sceau de Haguenau / Denier de Haguenau au Palais (1152-1190)
Haguenau aurait été fondé durant le 1er quart du XIIe siècle et le château, création des Hohenstaufen, a pu voir le jour dans le contexte de la querelle des Investitures (1075-1124) en un lieu stratégique à protéger, notamment un gué de la Moder. Les Staufen y possédaient des biens patrimoniaux remontant au mariage de leur ancêtre Frédéric de Büren avec Agnès, le fille de Henri V (un Salien de Franconie).
Le château a peut-être été assiégé une première fois en 1131 par le successeur de Henri V l'empereur saxon Lothaire de Supplimbourg en lutte contre les Staufen, duc d'Alsace et Souabe. La nouvelle Pfalz, avec sa chapelle octogonale destinée à accueillir le trésor impérial, n'aurait vu le jour sur la pointe orientale d’une île de la Moder qu'entre 1170 et 1184.
Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, a séjourné à Haguenau comme prisonnier de Henri VI en 1193 et le palais a vu séjourner à de nombreuses reprises les différents empereurs accueillants une foule de grands seigneurs. Lors de la disparition de la dynastie des Hohenstaufen (mort de Frédéric II en 1250) le château est devenu le siège du bailliage impérial. À partir de 1383 le château est aux mains des bourgeois de la ville, même si les fiefs castraux sont encore attribués à des nobles alsaciens. L'espace castral est habité par des Burgmannen à partir du XIVe siècle À partir de 1408, le comte palatin s'installe au château alors que la ville de Haguenau acquiert la chapelle vers 1470. Le 21 septembre 1552, Charles-Quint fait étape à Haguenau. Mais lors de la guerre de Trente Ans, en 1621, la ville est investie par Ernest de Mansfeld. Ses troupes abandonnèrent la ville à l’armée du duc Léopold d’Autriche en été 1622, alors que la chapelle palatine est remise aux Jésuites en 1627. À la fin de la guerre de Trente Ans le château, n'est plus que l'ombre de lui-même. Durant la guerre de Hollande, la ville est rasée par les troupes de Montclar en 1677 sur les ordres directs de Louis XIV, le château étant détruit le 28 janvier de cette année-là. Ce qui restait du château et de la chapelle disparut en 1687.
Jean-Marie NICK_________________ "Tous, nous sommes portés par un penchant irrésistible à désirer connaître la science, en laquelle nous estimons qu’exceller est une belle chose." Cicéron. | |
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